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Cahier 10A
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Le territoire et son approche
Le territoire en photographie est un cliché, un passage obligé, voir une facilité pour photographe, organisateur de festival voir même comité éditorial de revue photographique aléatoire en manque de thématique. Mais au-delà de la boutade, il y a entre la photographie et le territoire, un lien très fort, comme une adéquation entre le médium et son sujet et c’est sans doute pour cela qu’au fil du temps la thématique du territoire est devenu un leitmotiv de la pratique photographique.
Pour ce cahier nous avons balayer un spectre large en nous focalisant sur trois approches et positionnement photographique différents.
Arno Brignon, photographe français résidant dans le sud de la France, s’est concentré depuis quelques années sur les résidences photographiques. Il part, seul, et s’immerge durant quelques jours, semaines, mois, dans un lieu donné, un territoire. Pour La mémoire des lieux il s’agit de Flers dans l’Orne, qu’il parcourt à pieds et qu’il essaie de rendre compte à travers des images tremblantes, flous, sous exposés. La pellicule argentique périmée devient le réceptacle de sa sensibilité, de sa fragilité. Il organise la rencontre entre son intériorité est un territoire inconnu dont il veut rendre compte. Il y a dans son approche une dimension de rite magique, de communion avec les paysages et les êtres vivants qu’il cherche à approcher.
Julie Hascoët est une photographe française résidant en Bretagne, mais ici elle nous transporte au Mexique et comme toujours avec elle (d’autant plus frappant qu’il s’agit d’une œuvre de « jeunesse »), l’attention sera portée sur les détails, les moments de vide, de suspension, sur la composition architecturale souterraine d’un réel faussement placide, avec tranquillité et force Julie Hascoët nous fait entrer dans un territoire sacré qu’elle a consciencieusement dépouillé de tout ses oripeaux pour n’en garder que l’important. C’est en cela que sa photographie touche, refuser le folklore et embrasser le réel.
Enfin notre troisième portfolio est consacré à Nemini Parco la série du photographe espagnol Jesús Monterde. C’est un travail et une approche totalement différente de nos deux autres photographes car il photographie des lieux et des gens qu’il connaît par cœur, le territoire qu’il parcourt est celui où il est né et où il vit encore aujourd’hui, la région rurale d’Alt Maestrat. Jesus Monterde est un photographe autodidacte qui ne connaissait rien à la photographie avant de se lancer dans le projet Nemini Parco (2011-2017), il a appris la photographie en construisant cette série. Le territoire qu’il nous montre est rempli de fureur et de mort, les corps y sont abîmés, les couleurs saturés, les paysages au bord de l’embrasement, le territoire qu’il nous fait voir est tout autant un territoire réel qu’un espace mythologique ou les forces primordiales se mesurent et s’affrontent.